Le territoire
Le Carmarthenshire est situé dans le sud-ouest du pays de Galles. Il s’agit d’une région de plaines et de collines où l’on pratique principalement l’élevage sur pâturage, avec quelques exploitations mixtes et des exploitations laitières. Les exploitations sont principalement des fermes d’élevage, en particulier de vaches à viande et de vaches laitières. On observe le développement d’une marque régionale, des chaînes d’approvisionnement courtes, une augmentation des exploitations biologiques et agroécologiques, ainsi qu’une augmentation de la production horticole et des petites exploitations agricoles. La transformation par les petites entreprises est également en hausse. Il existe enfin d’importantes entreprises régionales de transformation alimentaire et de restauration qui fournissent des produits régionaux aux marchés gallois et anglais.
Au cours des 20 dernières années, la production locale et régionale de qualité a augmenté dans les secteurs de la viande rouge, des produits laitiers et de l’horticulture. Cette production a été valorisée sous forme de marques régionales, y compris dans les principaux supermarchés. Cela inclut le développement de groupes régionaux de producteurs et de transformateurs dans la production et la distribution, par exemple, de lait et de fromages.
Dans l’ensemble, le comté a une densité de population relativement faible (75 habitants/km2) et une prédominance de petites entreprises familiales, agricoles ou non. Par exemple, 92 % des entreprises emploient moins de 10 personnes. La langue galloise est très répandue, en particulier dans les familles d’agriculteurs. Historiquement, les familles d’agriculteurs ont été très dépendantes du financement de la PAC (Europe), qui a représenté 50 % du revenu agricole ; mais ce financement est actuellement en déclin et disparaîtra dans les prochaines années pour être remplacé par un nouveau programme d’agriculture durable. Il s’agit donc d’une période d’incertitude et de transition pour la survie de l’agriculture familiale.
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Référent
Terry Marsden
Autres participants
Hannah Pitt, Kirsty O’Neil,
Poppy Nichol, Angelina
Sanderson Bellamy
marsdentk[at]cardiff.ac.uk
Système alimentaire territorial
Type de région : rural ; Terres à usage agricole et forestier principalement
Superfice et population approximative
178 000 habitants ; 75 hab/km² (densité faible)
Territoire qui a subi un exode vers les villes mais la tendance s’inverse, avec de plus en plus de néoruraux, propriétaires de fermes et de terres.
Type d'agriculture
80% des terres arables sont utilisées. Quelques fusions d’exploitations agricoles qui n’apparaissent pas dans les statistiques.
Exploitation de pâturages : lait, viande bovine et ovine. Petites exploitations familiales (moyenne de 100 ha) ; nombre élevé de familles d’agriculteurs de langue galloise. Les structures agricoles ont été très stables au cours des 30 dernières années, avec une certaine concentration. Les changements de politique et du système de subventions pourraient accélérer les fusions et les exploitations mixtes.
Circuits courts (et antériorité)
Nombre croissant de circuits courts liés à de petites villes telles que Camarthen. Ils sont également liés aux programmes d’alimentation scolaire.
Principaux problèmes sociaux
Vieillissement et déclin de la population d’agriculteurs ; fort taux de chômage des jeunes et migration de ces derniers vers les villes.
Présence de systèmes agro-écologiques
Importante augmentation ces 20 dernières années, notamment dans l’horticulture, le maraîchage et la production de viande bovine. Systèmes obtenus grâce à des circuits d’approvisionnement courts et sous signe de qualité, soutenus par le gouvernement gallois et les politiques européennes (ces dernières allant toutefois désormais disparaître).
Dynamiques et initiatives spécifiques aux systèmes agroalimentaires (et antériorité)
Systèmes alimentaires régionaux orientés vers les marchés locaux et nationaux. Marchés d’exportation des ovins et de la viande rouge utilisant la marque AOP/IGP.
La transition agroalimentaire
Principaux enjeux de la transition : Croissance des niches de production et des marchés ; incertitudes liées à la perte de la politique des paiements uniques par exploitation de l’UE, avec toujours une forte dépendance aux subventions.
Principaux obstacles à la transition vers l'agroécologie
Les incertitudes des marchés et des politiques associées aux effets combinés du Brexit, du Covid et des marchés d’exportation. Les changements dans l’occupation des terres et des exploitations agricoles qui en découlent.
Les principaux acteurs de la transition
Les gouvernements gallois et britannique ; des entrepreneurs-clefs du système agroalimentaire ; revendeurs, syndicats agricoles, réseaux des jeunes agriculteurs
Institutionnalisation de la transition agroalimentaire
Soutien important de longue date du Royaume-Uni et de l’Union Européenne (aujourd’hui en voie d’évolution). Soutien du gouvernement gallois sur les circuits courts dans les chaînes d’approvisionnement et sur les marques régionales. L’importance du financement européen (financements régionaux et ruraux) qui touche à sa fin.
Initiatives clefs
Croissance des entreprises alimentaires régionales indépendantes et des transformateurs. Dynamique de groupe pour la certification participative de l’agriculture biologique
Croissance des foodhubs et des circuits courts. Organisation de marchés locaux et participation de groupes d’agriculteurs à ces marchés
Approvisionnement des cantines scolaires, en partie sous l’égide des autorités locales
Trajectoires
Méthode
L’analyse des trajectoires s’est appuyée sur les études antérieures réalisées dans la région et plus généralement au Pays de Galles sur une période de 40 ans (depuis les années 1980), ainsi que sur les informations et connaissances partagées grâce à l’implication durable de l’équipe de Cardiff dans les partenariats locaux et enfin, grâce aux visites d’initiatives et aux entretiens réalisés lors des détachements ATTER (C. Lamine, D. Magda, F. Barataud, Inrae, mars 2023).
Frise détaillée
Historiquement, le Carmenthenshire est une région d’élevage de bétail pour la viande (principalement ovine et bovine) et la production laitière. Au cours de la période de modernisation, les secteurs des produits laitiers et de la viande ont perdu leurs infrastructures traditionnelles de production et de transformation locales en raison de la domination croissante de la vente au détail et de la concentration des entreprises manufacturières et de leurs liens avec les marchés de masse du Royaume-Uni et les logiques de chaîne d’approvisionnement à longue distance qui y sont associées. Cette première période des années 1960-80 a été caractérisée par de fortes incitations politiques, par le biais de subventions à la production, à produire des intrants alimentaires standard pour les marchés de masse, avec peu ou pas de marques ou de certifications régionales. En outre, ce système de subventions à la production ne s’étendait pas à l’horticulture, qui a donc vu sa superficie diminuer. Depuis les années 1980, les secteurs bovin et ovin ont été touchés par une série de maladies intensives du bétail (maladie de la vache folle, fièvre aphteuse et tuberculose bovine) qui ont affecté les marchés.
À partir des années 1985, des “régimes alimentaires régionalisés” basés sur la production et la commercialisation de viande rouge (agneau, bœuf) et de produits laitiers (principalement le lait et les fromages) ont commencé à voir le jour. Ces régimes reposent sur le développement d’organisations coopératives d’agriculteurs, qui commencent à partager des types variables d’achats d’intrants, la coordination de normes de qualité autodéfinies et, surtout, des stratégies de marketing et de marques locales, le tout en dehors des systèmes conventionnels. Un secteur horticole beaucoup plus petit mais émergent, basé sur d’autres types d’initiatives et d’acteurs (fermes collectives, nouveaux entrants, CSA, etc.) a commencé à émerger. Ce développement a été soutenu par les fonds de développement rural et régional de l’UE.
Au cours de la dernière décennie, de nouvelles chaînes d’approvisionnement plus courtes, basées explicitement sur les caractéristiques biophysiques distinctives de la région, se sont multipliées.
Ce développement continu des installations locales et régionales de transformation et de vente en gros a été soutenu par des subventions du gouvernement gallois et de ses agences de conseil. De nouveaux acteurs apparaissent dans le domaine de l’alimentation durable, et les régimes alimentaires et la pauvreté font l’objet d’une attention accrue de la part des politiques. Il a facilité l’établissement d’un ensemble de liens plus durables et plus autonomes entre les producteurs et les détaillants et a réduit la dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement non régionales, éloignées et concentrées.